osteopathie

La nevralgie pudendale (Et les neuropathies du plancher pelvien)

Protocole de traitement

 

Ce protocole a été rédigé volontairement en utilisant mon expérience de praticien, ainsi que le retour de patients qui ont réussi à venir à bout de leurs douleurs. Un blog (liveinyourbodyaligned a servi de charpente à cet article).

 

Introduction

 

95% des prostatites chroniques sont d’origine non bactérienne, et dues à une dysfonction du plancher pelvien, ou plutôt un déséquilibre musculo-squelettique. « Non bactérienne » signifie que la douleur ne peut pas être traitée par des antibiotiques et n’est pas due à une infection.

Pour une santé optimale, un déséquilibre musculo-squelettique doit être traité afin de conserver un bon « alignement » des structures articulaires les unes par rapport aux autres.

 

Les symptômes rencontrés chez de nombreux patients sont très variés, ce qui rend le diagnostic difficile, avec de nombreux diagnostics différentiels possibles. En effet, une miction difficile, trop fréquente, des douleurs urétrales, et de la région recto-génitale sont des symptômes très fréquents.

Dans la vie courante, la marche, la position assise, le sommeil et les rapports sexuels peuvent devenir des choses compliquées.

 

Souvent, en résumé, la prostatite est sur-diagnostiquée. Quand les muscles du plancher pelvien deviennent trop contractés, le sacrum se positionne en rétroversion, et les organes du petit bassin se retrouvent comme tirés vers le bas.  A ce moment, ils appuient trop sur la prostate, et des problèmes sexuels, de miction deviennent le quotidien des patients.

 

Le rôle du nerf pudendal (anciennement appelé nerf honteux interne) est d’innerver toute cette région. Ses origines, sont les racines nerveuses S2, S3, et S4 (le bas du sacrum). Il peut être piégé à différents endroits sur son trajet vers le bas, ce qui est empiré lorsque le patient est assis.

 

Traitement

 

1.         Relaxation

 

La première étape est la gestion du stress. En effet, une bonne relaxation des muscles du bassin va permettre d’avoir moins de tensions sur le sacrum[1]. L’idée est donc de relâcher cette zone. Sans en être conscient, on contracte son bassin toute la journée. En contractant un muscle, il se rétrécit, se durcit et devient fragile. Les muscles ont besoin de se contracter ET de se relâcher.

Il existe des techniques de prise de conscience de l’état de contraction de son bassin, et des articulations du corps à fortiori. Je vous conseille « Méditer pour ne plus stresser » (C’est un guide très efficace avec des exercices pratique pour se fixer dans le moment présent).

 

2.         Les appuis au sol

 

Je conseille de marcher avec le moins de support possible sous les pieds, sauf en cas de grosse dysfonction du pied (hallux valgus important, pied très plat, etc.). Plus l’épaisseur de la semelle d’une chaussure est importante, et plus l’instabilité du pied et de la cheville le sera également.

Idéalement il faut 10mm de semelle maximum afin d’optimiser les appuis au sol. Cela nécessite bien évidemment quelques exercices de renforcement du triceps (flexion du pied en montant sur une marche, 10 fois 3 séries tous les jours).

Il est impératif d’éviter des mauvaises postures du pied maintenues longtemps (flexion forcée au bureau, pieds croisés toute la journée, etc.)

 

3.         Le Foam roller[2]

 

Cette espèce de rouleau en mousse fait l’effet d’un massage profond sur les muscles. Il aide à les relâcher. Celui va aider à améliorer la flexibilité musculaire et la mobilité articulaire. C’est douloureux au début, surtout dans la région des adducteurs. Pour chaque région où il est difficile de rouler, cela signifie qu’il y a besoin de masser plus. Il faut passer 1 à 3 minutes sur chaque point. Sur un point douloureux, restez 10 secondes et ensuite passez au suivant.

 

4.         Ouverture du bassin et renforcement des muscles fessiers et de l’abdomen[3]

 

L’homo sapiens que nous sommes, a besoin de bouger. Nous sommes des cueilleurs-chasseurs. Nous n’avons pas évolué pour rester assis sur une chaise toute la journée. Le fait de ne pas mobiliser ses articulations dans leur amplitude complète de mouvement tous les jours a pour effet de diminuer la flexibilité musculaire.

 

La clef est de trouver des mouvements qui relâchent les tensions des ischio-jambiers (arrière de la cuisse), des psoas (avant de la colonne vertébrale), des adducteurs (face interne de la cuisse) et du quadriceps (face avant de la cuisse).

Les tensions musculaires au niveau du bassin l’empêchent de rester dans une position neutre, ce qui entraine une faiblesse abdominale.

 

Des muscles fessiers puissants permettent au sacrum d’avoir un positionnement optimal, et aux muscles du bassin de conserver une longueur optimale.

 

Par ailleurs, le renforcement du muscle grand dorsal[4], inséré sur le sacrum, le coccyx et les vertèbres dorso-lombaires, via des tractions, ou l’escalade, permet de stabiliser également la colonne vertébrale et le bassin.

 

5.         La marche

 

La marche, tout comme la course à pieds, est un mouvement global. Il démarre des épaules et termine aux pieds[5]. Une bonne flexibilité des psoas, des muscles fessiers, des mollets (triceps sural) et des ischio-jambiers, est indispensable.

 

Pour quelle raison Lance Armstrong court-il le marathon en 3h quand le champion du monde le court en 2h ? Malgré ses capacités cardio-pulmonaires exceptionnelles, il n’a pas une posture de coureur (psoas très courts à cause du cyclisme notamment).

 

6.         La respiration

 

Le muscle de la respiration (le diaphragme) fait également partie de l’équation. En effet, quand le diaphragme n’est pas suffisamment souple[6] (causé par le stress et une mauvaise posture), la posture change également.

Il est inséré sur les 6 dernières côtes en haut et sur les 3 premières vertèbres lombaires en bas. Il forme comme une espèce de champignon.

Des muscles du bassin, trop tendus, et inversement un diaphragme trop contracté[7], peuvent affecter les fonctions respectives de chacune de ces structures.

 

7.         La position assise

 

Lorsque l’on répète à un enfant à longueur de journée : « Assieds-toi correctement, tiens-toi droit ! », ce n’est pas pour que l’on oublie de le faire à l’âge adulte[8]. Cependant, de nombreuses personnes et de nombreux patients ne s’assoient pas comme ils le devraient. En effet, la position assise est normalement très simple. Il existe un os que l’on nomme l’ischion, et qui est le lieu d’insertion des ischio-jambiers.

C’est sur cet os qu’il faut s’asseoir, et non pas sur le sacrum. S’asseoir sur le sacrum cause beaucoup trop de contraintes sur les racines nerveuses émergentes, et notamment celles du nerf pudendal. Ceci déséquilibre complètement le bassin et cause tous les problèmes dont on traite dans cet article.

 

8.         Les squats

 

C’est un exercice très complet qui a pour but de renforcer les muscles du bassin[9] (fessiers, ischios, quadriceps, mollets également) et d’ouvrir ce dernier en le rendant plus souple.

Les squats travaillent sur l’abdomen également et améliorent l’équilibre.

 

Il est important en faisant un squat, de bien positionner les genoux, alignés au dessus des pieds, et non pas en avant, afin de ne pas mettre trop de pression sur les quadriceps. Toute la puissance du mouvement vient des fessiers et les ischio-jambiers.

 

Faire un bon squat prend du temps car c’est un mouvement complexe. La clef est de relâcher le bassin le plus possible, et de travailler sur les fessiers en les contractant, et non pas sur les quadriceps.

 

Conclusion

 

Le traitement est GLOBAL ! La posture est une chose complexe, qui met en jeu tout un équilibre musculo-squelettique. Il ne s’agit pas de traiter uniquement les pieds, ou le bassin, il s’agit de traiter l’ensemble du corps.

Lorsque l’on a des symptômes handicapants tels que ceux que l’on a dans la névralgie pudendale, je pense qu’il est intéressant de prendre le temps de faire des exercices globaux de renforcement musculaire, de stretching, et de revoir sa façon de se tenir.

Ce qui se passe au niveau des muscles du haut du corps est aussi important que ce qui se passe en bas.

 

 

[1] Camomilla V1, Bonci T2, Cappozzo A3. Soft tissue displacement over pelvic anatomical landmarks during 3-D hip movements. J Biomech. 2017 Jan 17. pii: S0021-9290(17)30014-3. doi: 10.1016/j.jbiomech.2017.01.013. [Epub ahead of print]

[2] Cavanaugh MT1, Döweling A1, Young JD1, Quigley PJ1, Hodgson DD1, Whitten JH1, Reid JC1, Aboodarda SJ1, Behm DG2. An acute session of roller massage prolongs voluntary torque development and diminishes evoked pain. Eur J Appl Physiol. 2017 Jan;117(1):109-117. doi: 10.1007/s00421-016-3503-y. Epub 2016 Nov 16.

[3] Giesche F1,2, Streicher H3, Maiwald M4, Wagner P3. [Inpatient multimodal pain therapy : Additive value of neuromuscular core stability exercises for chronic back pain]. Schmerz. 2016 Dec 2. [Epub ahead of print]

[4] Donohue BF1, Lubitz MG2, Kremchek TE3. Sports Injuries to the Latissimus Dorsi and Teres Major. Am J Sports Med. 2016 Dec 1:363546516676062. doi: 10.1177/0363546516676062. [Epub ahead of print]

[5] Dolenec A, Radi P, Strojnik V. An Explanation of the Influence on Deciding which Type of Foot Strike to Use when Running Barefoot or in Minimalistic Shoes. Coll Antropol. 2015 Jul;39 Suppl 1:147-51.

[6] Buchholz. Breathing, voice, and movement therapy: applications to breathing disorders. Biofeedback Self Regul. 1994 Jun;19(2):141-53.

[7] de Sá RB1, Pessoa MF1, Cavalcanti AG1, Campos SL1, Amorim C2, de Andrade AD3. Immediate effects of respiratory muscle stretching on chest wall kinematics and electromyography in COPD patients. Respir Physiol Neurobiol. 2017 Mar 9. pii: S1569-9048(16)30145-8. doi: 10.1016/j.resp.2017.03.002. [Epub ahead of print]

[8] Lee CH1, Chung CK2,3,4,5, Jang JS6, Kim SM7, Chin DK8, Lee JK9. Lumbar Degenerative Kyphosis' Is Not Byword for Degenerative Sagittal Imbalance: Time to Replace a Misconception. J Korean Neurosurg Soc. 2017 Mar;60(2):125-129. doi: 10.3340/jkns.2016.0607.001. Epub 2017 Mar 1.

[9] McKean MR1, Dunn PK, Burkett BJ. The lumbar and sacrum movement pattern during the back squat exercise. J Strength Cond Res. 2010 Oct;24(10):2731-41. doi: 10.1519/JSC.0b013e3181e2e166.